Pierre Manoli naît au Caire en novembre 1927 dans une famille de médecins, amateurs d’Arts et musiciens. Après avoir reçu une première formation aux Beaux-Arts du Caire, l’artiste s’installe en France. A Paris de 1950 à 1957, il sera un élève assidu de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs puis de l'Ecole des Beaux Arts, bénéficiant de l’enseignement de professeurs tels que Despierre, Saint-Saëns, Cavaillès ou Robert Couturier. A cette époque, Manoli modèle la glaise et le plâtre.
Dès 1956, le mouvement, devient un élément essentiel de sa recherche. Le point d’ancrage de l’œuvre devient le point de départ du mouvement qui l’anime : glissement silencieux de silhouettes épurées d’acrobates ou de danseurs. Les « Trapézistes » exposés en 1958 au Salon d’Automne sont très élogieusement salués par la presse. Les premiers succès – on le comparera à Despiau – l’encouragent à chercher toujours plus. Les dépôts des ferrailleurs et les quincailleries ou encore sa propre cuisine deviennent autant de lieux où le sculpteur trouve ses « trésors ». Fragmentés ou dupliqués, isolés ou soudés en de majestueuses compositions, les objets usuels sont transfigurés.
La rencontre avec le feu a lieu dès le début des années soixante. Chalumeau à la main, Manoli innove en dessinant sur des plaques de faïence, de laiton et d’inox. Irisations, tons modulés, noirceurs, reflets argentés ou dorés ; les surfaces accrochent, absorbent ou diffractent la lumière. En 1962, Manoli est le premier à réaliser des sculptures de métal en fusion plongé dans l’eau. De la soudaine interruption du processus de fusion surgissent des formes tourmentées, réminiscences ou évocations de végétaux ou d’animaux. Mais sa plus grande découverte réside certainement dans ses granits fondus au chalumeau. Il fait surgir du granit des formes puissantes, d’un noir profond. Granit liquéfié puis pétrifié, tantôt Oiseaux, tantôt Disques solaires.
Ces thèmes d’inspiration, figure humaine, faune et flore, symboles et archétypes ont constitué les motifs à partir desquels son œuvre s’est développée. Formes et forces sont conjuguées en une vision puissante qui passe du symbole visible à la transcription lyrique et onirique. Ces motifs, ces thèmes et ces techniques, Manoli les a déclinés et les a approfondis, pendant près de cinquante ans. Manoli est aussi l’auteur d’un grand nombre d’œuvres monumentales : «Cheminée», monument en acier inoxydable à la faculté des sciences de Jussieu à Paris (1976), « Couple de chevaux » au centre équestre de Dinard (1982), «la Grande Voile» à la gare Montparnasse, Paris (1992), «Fontaine de Vie» à Chantepie (1995), le mobilier liturgique de la cathédrale Saint-Corentin à Quimper (1999) …
Depuis 1958, Manoli a présenté son travail dans des expositions personnelles et collectives en Europe et aux Etats-Unis. En 1990, il a obtenu le Prix Florence Gould au salon du Grand Prix International d’Art Contemporain à Monaco. L'artiste est décédé en 2001.
La collection départementale MANOLI montre à la fois un artiste maître des techniques traditionnelles et inventeur de techniques nouvelles.
« Fort discret, l’un des plus beaux talents, l’un des plus singuliers aussi, de sa génération de sculpteurs» (Roger Bouillot, critique d'art).